mercredi 31 mars 2010

Le Bonhomme de neige (commentaire de Christian)

«Depuis plus d'une décennie, les auteurs à succès du monde du polar ne sont pas seulement des habiles techniciens du suspense, mais de méticuleux disséqueurs des travers de nos sociétés, des écrivains avec un propos, le genre de talent qui disqualifie de participer à un Loft Story: le Suédois Mankell, l'Islandais Indridason, l'Écossais Rankin, le Sud-africain Meyer... la liste s'allonge chaque année et le Norvégien Nesbo appartient à ce groupe. Avec Le bonhomme de neige, il réussit non seulement à rafraîchir la formule archi-usée du tueur en série — son histoire peut avantageusement se comparer au Poète de Michael Connelly, le modèle du genre —, mais à y introduire une réflexion sur l'engagement et la paternité. Son récit envoûte, comme tous les grands polars, il nous fait sortir de notre zone de confort, à l'égal presque d'un Ellroy ou d'un Lehane. Le Rouge-gorge de Jo Nesbo était un des dix thrillers les plus chamboulants des dernières années, Le bonhomme de neige se classe pas très loin derrière.»
Christian Vachon

Jo Nesbo, Le Bonhomme de neige

mardi 9 mars 2010

Les Lieux sombres (commentaire de Denis)

«Superbe roman! Entre le roman social, psychologique, noir et policier… Gillian Flynn ouvre une voie nouvelle dans l’univers des romans à suspense. Elle hypnotise son lecteur non seulement par l’action mais surtout par l’émotion. Et ceci dans un style impeccable. On ne peut rester insensible à ses personnages charnières: Libby, Ben et Patty Day. Libby , petite fille renfermée, témoin principale à l’âge de 7 ans dans le procès pour meurtre de son frère Ben. Ce dernier, 15 ans, mal dans sa peau et solitaire, accusé en l’espace de deux jours de pédophilie, satanisme et des meurtres sanglants de sa mère et de ses deux autres sœurs; enfin Patty Day, la mère, constamment inquiète et dépassée, phagocytée par un ex-mari salaud et veule, incapable de nourrir ses quatre enfants. Sans compter la Libby de maintenant, 32 ans, qui en veut encore à l’humanité, mais qui cherche un sens à sa vie en essayant de faire la lumière sur son passé. Le ballet constant entre cette Libby d’aujourd’hui et la réalité vécue en 1985 des autres acteurs de ce drame sanglant durant les deux jours précédents les meurtres, donne du rythme et du souffle à la narration et ajoute de la profondeur aux personnages. Et quelle finale! Un roman déstabilisant et envoûtant qui s’attaque aux préjugés inconscients du lecteur! Un livre culte! Je cours chercher son premier roman Sur ma peau et j’attends avec impatience le prochain.»
par Denis LeBrun

Gillian Flynn, Les Lieux sombres

lundi 1 mars 2010

Romans, de Dashiell Hammett (commentaire de Stéphane)

Voici mon coup de coeur pour le «Quarto» de Dashiell Hammet, Romans.


«Un des blondinets s’assit au volant. La vitesse ne lui faisait pas peur.»

Tenir le «Quarto» de Dashiell Hammett vous donne l’impression d’avoir entre les mains les «manuscrits de la mer morte» du roman noir. C’est de cette «littérature de papier journal» qu’est venu le grand roman noir, celui des Ellroy, Westlake et autres Dennis Lehane. On est loin des histoires de riches bourgeoises ayant trucidé leur époux juste un peu avant le thé pour toucher leur héritage un peu trop vite; ici le roman noir pose son regard acerbe sur les travers de la société, qui se trouvent dans toutes ses classes.

Il était donc plus que temps que Gallimard refasse ses devoirs en retraduisant ces œuvres fondatrices de la modernité polar. Plus d’argot vaguement parisien en ces pages, plus de manuscrits formatés pour entrer dans un «carré noir». Reste une littérature populaire dans toute sa splendeur (descriptions à traits rapides, efficaces, action menée à un rythme presque futuriste) devenue soudainement la sœur de la «grande» littérature, celle des Hemingway et compagnie. Cette dernière ne s’en est pas encore remise.