jeudi 25 février 2010

UNDERWORLD USA (commentaire de Christian)

Voici le commentaire de Christian pour Underworld USA d'Ellroy. C'est un coup de coeur sans équivoque. Maintenant c'est mon tour: Christian, tu n'oublies pas de me rendre ma copie?



Un monument, un livre dense, épuisant, une oeuvre qui dévaste. Tout comme à la fin de la lecture des Bienveillantes de Jonathan Littell, cet autre chef-d'oeuvre, j'ai eu besoin d'un solide lavage de l'esprit pour survivre à cette vision ignominieuse de l'âme humaine. Ellroy reconstruit de façon délirante l'histoire récente américaine, une histoire politique dominée par la paranoïa: «La paranoïa définit la droite (...), et elle définit la gauche également. Tout le monde connaît tout le monde et soupçonne tout le monde et a besoin de tout le monde aussi. Les ambitions politiques et les ambitions personnelles se modifient en fonction de ces réalités» (p. 177). «Personne ne meurt» répète souvent Dwight Holly, un des personnages, mais on meure beaucoup dans ce récit hallucinant, et les survivants sont en piteux état, ravagés par leur culpabilité, le poids de leurs méfaits.

Jamais l'écriture d'Ellroy n'a été aussi incisive, éclatante, séditieuse. Elle sublime les faits, les personnages, y compris ce Cruthfield, le «trouduc», ce jeune détective érotomane, alter ego du Ellroy adolescent des années 60, qui s'introduit dans les résidences pour voler des petites culottes de filles.

Un récit perturbant certes, un grand roman
incontestablement. Il se publie une dizaine de classiques durant une décennie et Underworld USA fera certainement partie de ma liste.